Vers un rehaussement

Vers un rehaussement du financement des universités?

Par Guy Bellemare, Ph.D.
Département de relations industrielles, UQO

Les mensonges libéraux au sujet de la hausse des frais de scolarité …  ou l’art de rouler les recteurs des UQ dans la farine.

Une partie importante de l’argumentation libérale en support à la hausse des frais de scolarité consiste à dire qu’il faut de l’argent neuf supplémentaire pour faire des universités du Québec des universités de classe « mondiale ».

Le premier mensonge libéral à ce sujet a été dénoncé dès 2011 alors que les études réalisées au MELS, puis au Réseau UQ, de même que celles réalisées ici même à l’UQO ont permis de montrer que la hausse des frais de scolarité entraînerait une baisse substantielle des inscriptions dans les UQ en région, creusant ainsi les problèmes budgétaires des universités.

La gestion catastrophique de la crise par certaines administrations universitaires, dont le pire exemple est à l’UQO, a empiré les choses entraînant des coûts pour les seuls agents de sécurité supplémentaires de 121 000 $ en date de 23 mars 2012 (UQO). Et ce sans compter les étudiant.es qui vont décider d’aller étudier ailleurs qu’à l’UQO par suite de la mauvaise publicité générée par la gestion de crise qui y a prévalu.

L’autre mensonge libéral en matière de rehaussement du financement des universités date d’avril 2012. Les universités ont appris que les « bonifications» au régime des prêts et bourses annoncées par le gouvernement libéral seront financées à même le budget total consenti aux universités. Celles-ci devront combler ces pertes financières par des subventions extérieures. En clair, les recteurs évaluent la perte de revenus à 60 millions de dollars sur 5 ans pour l’ensemble des universités du Québec. Dans le cas de l’UQO, les pertes sont estimées à 840 000$ sur 5 ans. Les possibilités pour l’UQO de combler ce manque à gagner par des subventions extérieures sont quasi nulles. En effet, l’UQO, à l’instar des autres universités du Québec en région, a une fondation très pauvre qui arrive difficilement à lever des fonds dans la région respective. Cette mesure gouvernementale n’aura par ailleurs aucune incidence sur des universités comme McGill qui bénéficient de fondations milliardaires.

Tenant compte de ces deux mensonges libéraux au sujet de l’effet de la hausse des frais de scolarités sur le financement des universités, il est raisonnable d’anticiper que les UQ en région

se retrouveront dans 3 à 4 ans avec moins de revenus que maintenant, plus pauvres,  et qu’elles se verront  de plus en plus marginalisées par rapport aux grandes universités de Montréal. Et dans ce contexte, ce sont les capacités de développement des régions du Québec qui diminuent.

Doit-on conclure que les recteurs, ceux du réseau UQ en particulier, qui ont appuyé depuis le début de 2010 les propositions gouvernementales se sont fait rouler dans la farine par le gouvernement : un gouvernement, qui, après avoir obtenu leur appui public, ne cesse de vouloir leur enlever d’une main ce qu’il leur promet de l’autre. Doit-on conclure que ces mêmes recteurs ont failli à la défense de la mission des universités en région et failli à la tâche d’en sécuriser  le financement? Enfin, quand verrons-nous s’organiser une réaction courageuse de nos directions universitaires pour dénoncer la hausse des frais de scolarité et réclamer un financement basé sur un retour à une fiscalité progressive applicable aux hautes fortunes et à la fiscalité des entreprises?