Comité de soutien du professeur Thibault Martin

Lundi 18 juin 2012, Palais de justice de Hull – Je m’appelle Louise Briand, je suis la présidente du Syndicat des professeures et professeurs de l’Université du Québec en Outaouais et c’est à ce titre que je dénonce la toute première arrestation, en Amérique du Nord, d’un professeur dans son lieu de travail et pour avoir fait usage de sa liberté de pensée et de sa liberté politique. L’arrestation du professeur Thibault Martin symbolise le déni de libertés consacrées par notre convention collective et par les chartres de droits et liberté québécoise et canadienne; l’arrestation de notre collègue représente de plus un coup aux fondements même de l’Université, à savoir être un lieu d’échanges qui prend une part active dans le parcours démocratique de toute société.

Le 17 avril dernier, le professeur Thibault Martin a été arrêté à quelques pas de son bureau parce qu’il voulait se rendre à son bureau. L’arrestation, entièrement injustifiée et démesurément musclée, s’est produite sous l’œil attentif du secrétaire général de l’UQO, quelques minutes après que le recteur eut demandé l’assistance du Service de police de la Ville de Gatineau. Une assistance demandée en vertu de l’article 41 du code criminel qui « autorise » le recteur – en tant que responsable d’un bien immeuble -, et le SPVG – en tant que mandataire du recteur -, à employer la force pour éloigner un intrus. Le 17 avril, Thibault Martin, un éminent universitaire et enseignant de grande classe est devenu, aux yeux du recteur, un intrus, sans motif et sous prétexte qu’il fallait protéger un immeuble. Le 17 avril, en voulant sauver « l’immeuble », Jean Vaillancourt a brisé la communauté et il a rompu avec une tradition médiévale : la police ne franchit pas le seuil des églises et des universités depuis le Moyen-Age, sauf dans les régimes autoritaires.

Depuis le 17 avril, Jean Vaillancourt refuse de reconnaitre son erreur allant même jusqu’à dire que si c’était à refaire, il referait EXACTEMENT LA MÊME CHOSE. Une véritable insulte pour Thibault Martin, pour tous les étudiants qui ont été arrêtés, pour toute la communauté universitaire.Aujourd’hui nous savons que nulle part ailleurs au Québec, des directions d’établissements ont autorisé l’occupation policière des bâtiments et ce, même si plusieurs universités et collèges ont dû composer avec une injonction; nulle part ailleurs des arrestations ont été programmées comme ce fut le cas à l’UQO; nulle part ailleurs des professeurs et étudiants ont été arrêtés, expulsés, brutalisés par la police comme ce fut le cas à l’intérieur même des murs de l’UQO. Il était donc possible de FAIRE AUTREMENT.

Réunis en assemblée générale le 1er mai dernier, les membres du syndicat des professeures et professeurs de l’UQO ont été unanimes à condamner la gestion catastrophique de la crise par la direction de l’UQO. Plus particulièrement, les professeurs ont été unanimes à condamner – et je cite – :

  • le recours aux forces policières sur le campus par la direction de l’UQO;
  • les arrestations, la violence sur le campus;
  • l’attitude de la direction de l’UQO face au traitement infligé au professeur Thibault Martin;
  • le refus ou l’omission des dirigeants de l‘UQO d‘intervenir pour empêcher les abus des forces policières, voire même la participation de certains dirigeants à ces abus.

Le 1er mai dernier, une majorité de professeurs ont demandé la démission du recteur Jean Vaillancourt et du secrétaire général Luc Maurice. Aujourd’hui, 18 juin, avec 2 mois de recul, ces démissions sont devenues des conditions sans lesquelles il sera impossible d’assurer à nouveau le bon fonctionnement et le développement de l’UQO.